Superposition des plans
Les diverses couches qui constituent la partie latérale de la région sus-hyoïdienne sont superposées de la manière suivante :
- 1° La peau ;
- 2° Le muscle peaucier avec les deux couches celluleuses qui l'enveloppent
- 3° L'aponévrose cervicale superficielle ;
- 4° La glande sous-maxillaire entourée des ganglions lymphatiques ;
- 5° Les muscles digastriques et stylo-hyoïdien ;
- 6° Le muscle mylo-hyoïdien ;
- 7° Le muscle hyoglosse.
Entre ces diverses couches se rencontrent des vaisseaux importants, des nerfs et du tissu cellulaire.
Les trois premières couches nous offrent un intérêt, médiocre au point de vue chirurgical.
La peau est assez épaisse et recouverte chez l'homme par la barbe: aussi est-elle très-riche en follicules sébacés: d'où la fréquence des kystes sébacés et des abcès furonculeux qu'on observe en ce point.
Au-dessous de la peau se trouve le peaucier muscle plus on moins développé suivant les sujets, et dont les fibres parallèles entre elles sont obliquement dirigées en bas et en dehors. Le peaucier est séparé de la peau, ou, pour parler plus exactement, est rattaché à la face profonde de la peau par une couche de tissu cellulaire très-serré, en sorte que le tégument, participant ses mouvements, se fronce et se ride sous l'influence de ses contractions. C'est de cette façon que les lèvres d'une plaie se replient parfois en dedans.
A la face profonde du muscle, au contraire, on rencontre une couche celluleuse lâche, plus on moins chargée de graisse, qui permet des glissements faciles sur le feuillet aponévrotique sous-jacent. Grâce à cette disposition, il est permis d'emprunter Ma région sus-hyoïdienne un lambeau cutané comprenant les couches précédentes pour réparer des pertes de substance, parfois même la perte totale de la lèvre inférieure, après l'ablation d'un épithélioma, par exemple. On est surpris de la facilité avec laquelle les téguments de la région sus-hyoïdienne glissent et se laissent attirer en haut. Ce procédé de restauration de la lèvre inférieure ne donne toutefois que des résultats définitifs médiocres, à cause de l'adhérence du lambeau à la mâchoire, de son aplatissement, qui sont dus à l'absence de bordure et de doublure muqueuses: aussi est-il préférable, ainsi que je l'ai déjà fait remarquer plus haut, de prendre, quand on le peut, le lambeau où existe une muqueuse, c'est-à-dire à la joue.
La couche celluleuse lâche qui siège au-dessous du peaucier communique avec celle des régions voisines: aussi les inflammations s'y propagent aisément et ne peuvent rester limitées à la région sus-hyoïdienne. Il en est de même des collections purulentes, qui fusent et s'étendent parfois au loin dans les autres régions.
On trouve dans cette couche sous-cutanée, surtout à la partie supérieure de la région, une certaine quantité de tissu adipeux qui peut être le point de départ de lipomes. C'est sans doute aux dépens de cette couche que se développent ces bourrelets cellulo-adipeux qui entourent comme d'une immense collerette le cou de certains sujets, ainsi que la plupart des chirurgiens de Paris ont pu en voir il y a quelques années un curieux exemple dans les hôpitaux.
La couche aponévrotique présente des variétés individuelles nombreuses, ce qui d'ailleurs est loin d'être spécial à cette région. Elle est parfois réduite à une simple toile celluleuse, surtout en avant. En arrière, elle est toujours plus résistante et se fixe sur la bandelette fibreuse qui sépare d'une façon efficace la région sus-hyoïdienne de la région parotidienne.
Fixée en arrière à cette bandelette fibreuse et par conséquent à la gaine du muscle sterno-cléido-mastoïdien, l'aponévrose s'attache, en haut, au bord inférieur de la mâchoire en bas, au corps et aux grandes cornes de l'os hyoïde en avant, elle s'amincit pour se continuer sur la ligne médiane avec celle du côté opposé. Là ne se borne pas sa description. En même temps que le feuillet superficiel passe à la face externe de la glande sous-maxillaire, un feuillet profond s'en détache et tapisse la face interne de la glande les deux feuillets superficiel et profond vont se réunir l'un à l'autre en haut et en bas, au niveau de la mâchoire et de l'os hyoïde. De cette disposition résulte, pour la glande sous-maxillaire et les ganglions lymphatiques qui l'entourent, la formation d'une véritable loge fibreuse qui enkyste ces organes et les sépare complètement de la parotide. Je reviendrai d'ailleurs plus loin sur cette disposition, dont le lecteur se rendra mieux compte d'après la coupe verticale antéro-postérieure de la région.